Cap sur la décarbonation sans escale
L’aéronautique se décarbone
Portée par ses pôles de compétitivité tels que l’Aerospace Valley, l’ASTech, et SAFE, l’industrie aéronautique française est l’une des plus performantes au monde, seulement devancée par les Etats-Unis. Après un passage compliqué lié au COVID 19 et une baisse significative de son chiffre d’affaires, la filière a désormais retrouvé un nouvel élan avec des prises de commandes records et des effectifs en constante augmentation.
« Remontée en cadence et décarbonation », voici les défis de l’industrie aéronautique française tels que décrits par Guillaume Faury, CEO d’Airbus et président du GIFAS.
En effet, après avoir fait le dos rond suite à la crise sanitaire, la filière doit s’attaquer à un nouveau challenge de taille, la décarbonation, alors que les émissions de CO2 de l’aérien représentent encore 5,3 % des émissions globales de la France, soit 2,2 fois plus qu’il y a 30 ans.
Le poids de l’industrie aéronautique en France :
- 1 000 entreprises
- 65,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires
- 25 000 salariés recrutés en 2023
- 2ème industrie aéronautique mondiale après les Etats-Unis
- 1er secteur exportateur français
- 1,2 milliards d’euros de crédits via France 2030 pour la conception de moteurs et designs d’avions plus économes en carburant
L’industrie aéronautique a pris conscience des problématiques liées à la décarbonation et a réalisé que ce n’était pas une option de prendre ou non ce virage. Le secteur aérien s’est d’ailleurs engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. En témoigne, les directions prises par les leaders de l’industrie comme Airbus, Dassault et Safran.
Ce dernier mastodonte a d’ailleurs misé sur le développement d’un nouveau moteur bien plus respectueux de l’environnement, le RISE. Développé en partenariat avec General Electric, il permet une consommation de carburant de 20% à 30% inférieure à celle d’un moteur déjà optimisé comme le LEAP. Prévu pour 2035, ce moteur d’avion du futur va s’accompagner d’une refonte des designs des avions. Effectivement, le RISE, 2 fois plus volumineux que les moteurs actuels, entraine des contraintes de taille, il ne passe pas sous les ailes des Airbus A320 et Boeing 737, les avions actuellement équipés par le LEAP. Les futurs avions destinés à être équipés par RISE (et remplaceront les A320 et 737) auront donc un design bien différent de ce que l’on connait actuellement sur la majorité des appareils.
Ces progrès combinés à d’autres innovations dans le domaine, permettent d’envisager une aviation de plus en plus décarbonée. En effet, l’amélioration de l’efficacité énergétique des avions est loin d’être le seul axe de réflexion des industriels du secteur. L’utilisation de carburants d’aviation durables (CAD ou SAF en anglais), comme les biocarburants, l’hydrogène ou encore l’électrification des aéronefs sont aussi des solutions en cours de développement. L’utilisation des CAD permet de réduire jusqu’à 80% les émissions de CO2 par rapport au kérosène traditionnel sur l’ensemble de leur cycle d’utilisation. Toujours en développement pour certains, ces carburants viendront à termes remplacer (au moins partiellement) le kérosène fossile pour permettre d’attendre le seuil de 63% d’utilisation de CAD, fixé par l’UE pour 2050. Preuve des avancées considérables déjà réalisés, le premier vol 100% CAD a été réalisé par la compagnie Virgin Atlantic en novembre 2023, reliant Londres à New York à bord d’un Boeing 787.
Si les industriels investissent massivement pour la décarbonation du secteur aéronautique, il n’en demeure pas moins que cela reste un défi complexe et multidimensionnel, qui nécessite une approche globale et des efforts concertés de la part de tous les acteurs concernés. Grâce à l'amélioration de l'efficacité énergétique, l'adoption de carburants durables, l'électrification, l'optimisation des opérations et la collaboration, il est possible de réduire considérablement les émissions de CO2 du secteur et de promouvoir un transport aérien plus durable. L'engagement envers la décarbonation est non seulement essentiel pour lutter contre le changement climatique, mais aussi pour assurer la résilience et la compétitivité à long terme de l'industrie aéronautique.